Mady Touré est une figure majeure du football sénégalais et africain. Fondateur de l’Académie Génération Foot, il s’est imposé comme un acteur déterminant dans la détection, la formation et la promotion de jeunes talents issus du continent. Visionnaire, exigeant et profondément engagé, il a placé l’éducation et la rigueur au cœur de son projet sportif.
Né à Dakar, Mady Touré est très tôt plongé dans l’univers du football. Très jeune, il devient la mascotte du club mythique du Jaraaf de Dakar, nourrissant une passion profonde pour ce sport. Il est également le neveu de Louis Gomis, ancien international sénégalais.
À l’âge de 16 ans, en 1983, il quitte le Sénégal pour la France dans l’espoir de devenir footballeur professionnel. Il intègre alors le centre de formation en sport-étude de Thonon-les-Bains, où il obtient son BEP en Comptabilité et Informatique. Déterminé à poursuivre son rêve, il évolue ensuite dans plusieurs clubs français notamment à Bourges et Châteauroux où une grave blessure interrompt brutalement son élan.
Refusant de renoncer à sa passion, il continue néanmoins, portant sa blessure de club en club : Usses, Antibes, puis Cagnes-sur-Mer, où il finira par mettre un terme à sa carrière de joueur, conscient qu’il ne pourra pas atteindre le haut niveau. Il s’inscrit alors dans une agence d’intérim, enchaînant des petits métiers à Monaco : plongeur, électricien, jardinier, aide-maçon, agent de nettoyage.
Un jour, alors qu’il utilisait un marteau-piqueur dans les rues de Monaco, une rencontre inattendue l’oriente vers le centre hospitalier Princesse Grace. À ses débuts, on lui propose de vider les poubelles et de commencer à 8h du matin. Et une anecdote marquante marque ses débuts : à 6h, il est déjà assis devant la porte de service, prêt à entamer sa journée. Cette ponctualité et cette volonté impressionnent : on lui propose alors un poste plus stable, celui de brancardier. Il y travaillera pendant 10 ans, avec sérieux et engagement.
Même dans ce cadre hospitalier, Mady ne s’éloigne jamais du football. Il intègre l’équipe corporative de football de l’hôpital, avec laquelle il joue régulièrement. Cette période témoigne de son attachement indéfectible à ce sport, qu’il continue de pratiquer malgré les épreuves, fidèle à sa passion première.
C’est ensuite grâce à son épouse qu’il intègre Sprint Communication et Management, une société spécialisée dans la Formule 1 à Monaco qui cherchait à se développer dans le football. Il y est nommé Directeur de la zone Afrique, chargé de repérer les jeunes talents du continent. Il y construit un solide réseau et effectue plusieurs voyages en Europe pour dénicher les profils les plus prometteurs. Après deux années, il poursuit son parcours chez IMG, une agence de représentation de joueurs.
Mais son rêve restait intact : en 2000, il retourne au Sénégal pour fonder l’Académie Génération Foot, avec pour seul matériel une table et deux ballons. Peu de gens croyaient alors en ce projet, considéré comme irréaliste dans un contexte où les structures de formation professionnelle étaient quasi inexistantes.
En 2003, il débute sa collaboration avec le FC Metz, une étape clé qui permettra d’ouvrir les portes de l’Europe à de nombreux jeunes issus de l’académie. En 2006, il acquiert un terrain à Déni Biram Ndao – un espace de dunes de sable – et y bâtit ce qui deviendra le Centre Amara Touré, aujourd’hui reconnu comme une référence sur le continent. Son objectif : offrir aux jeunes Sénégalais et Africains une opportunité structurée de réaliser leur rêve de devenir footballeur professionnel.
Sous sa direction, Génération Foot a révélé des talents majeurs tels que Sadio Mané, Pape Matar Sarr, Ismaïla Sarr, Lamine Camara, Diafra Sakho, Papis Demba Cissé ou encore Babacar Guèye et tant d’autres.
Son engagement repose sur trois valeurs fondamentales : travail, rigueur et discipline, qui constituent l’ADN de son académie. Il veille à ce que chaque joueur reçoive un encadrement sportif, scolaire et humain complet.
Aujourd’hui, Mady Touré nourrit une ambition claire : hisser le football sénégalais au sommet, et voir un jour le Sénégal devenir le premier pays africain à remporter la Coupe du Monde.
«Je n’ai pas pu réaliser mon rêve de devenir footballeur professionnel, mais j’ai tout fait pour que des milliers d’enfants puissent y parvenir.»